Quand un Président perd ses éperons : l'affaire Sarkozy
L'ancien président français Nicolas Sarkozy a été exclu de la Légion d'honneur en juin 2025 suite à sa condamnation définitive pour corruption, devenant ainsi le deuxième chef d'État français privé de cette distinction après le maréchal Pétain.
Ou comment le dernier gentilhomme de la République s'est fait dégrader
Aujourd'hui on va parler d'une histoire qui aurait pu sortir tout droit d'un roman de cape et d'épée... sauf qu'elle s'est passée en juin 2025, et qu'elle concerne un ancien président de la République.
Le jour où Sarko a perdu sa médaille
Le 15 juin 2025, à 2 heures du matin (oui, oui, vous avez bien lu, deux heures du mat'), le Journal Officiel publie un petit arrêté qui va faire couler beaucoup d'encre : Nicolas Sarkozy est exclu de la Légion d'honneur. Bam. Direct. Comme ça.
Pour ceux qui ne suivent pas, la Légion d'honneur, c'est LA médaille en France. Celle qui fait qu'on a une petite rosette rouge à la boutonnière et qu'on se sent un peu chevalier des temps modernes. Et notre Sarko national, il avait carrément le grade le plus élevé : Grand-croix. La totale, quoi. Le pompon.
Sarkozy = Pétain (enfin presque)
Et là, tenez-vous bien, Nicolas Sarkozy devient le deuxième chef d'État français de l'histoire à se faire virer de la Légion d'honneur. Le premier ? Le maréchal Pétain en 1945. Vous savez, le collabo de Vichy.
Franchement, quand on vous dit que vous êtes le deuxième dans une liste et que le premier c'est Pétain, ça doit piquer un peu l'ego, non ? Imaginez la scène : "Félicitations M. le Président, vous entrez dans l'Histoire ! Bon, c'est la même catégorie que Pétain, mais c'est de l'Histoire quand même..."
Le problème ? Un petit coup de fil...
Pourquoi cette exclusion ? Parce que Sarko a été condamné définitivement en décembre 2024 dans "l'affaire des écoutes" pour avoir essayé de corrompre un magistrat. En gros, il a voulu se renseigner sur une procédure qui le concernait en proposant un petit arrangement au juge. Pas très classe pour un ancien chef d'État, je vous l'accorde.
Et voilà le truc rigolo : la loi est claire comme de l'eau de roche. Si t'es condamné à un an ferme ou plus, tu perds automatiquement ta Légion d'honneur. Point barre. Pas de débat, pas de passe-droit. C'est "de droit", comme disent les juristes.
Le détail grotesque : Macron qui ne peut rien faire
Mais voilà où ça devient carrément surréaliste : Emmanuel Macron, en tant que président et "grand maître" de la Légion d'honneur, avait déclaré en avril 2025 qu'il ne prendrait "aucune décision de ce type" parce qu'il faut "respecter les anciens présidents".
Le souci ? C'est qu'il ne peut rien faire ! Quand c'est automatique, c'est automatique. Le grand chancelier (un général, pas Macron) signe l'arrêté, et basta. Macron a dû ronger son frein en se disant "Mince, j'ai dit un truc mais en fait je ne contrôle rien". Un peu comme quand vous promettez d'empêcher la pluie de tomber...
La défense surréaliste
Cerise sur le gâteau : après l'exclusion, plusieurs défenseurs de Sarkozy (dont Jordan Bardella et Bruno Retailleau) ont sorti une défense... euh... créative. Ils ont raconté que Sarko avait reçu sa Légion d'honneur pour son "acte de courage" lors de la prise d'otages à Neuilly en 1993 (l'affaire "Human Bomb").
Sauf que... c'est complètement faux ! Le décret de nomination de 2004 ne mentionne absolument pas cet épisode. Il a été décoré pour l'ensemble de sa carrière politique, point. Mais bon, quand on est dos au mur, on sort les légendes dorées, apparemment.
Bon, et maintenant ?
Donc voilà, Nicolas Sarkozy n'a plus le droit de porter la moindre décoration française. Plus de petite rosette, plus de médaille pour les cérémonies. Il garde quand même son chauffeur, ses gardes du corps, et son bureau d'ancien président (on n'est pas des sauvages non plus).
Et il espère encore que la Cour Européenne des Droits de l'Homme va casser sa condamnation. En attendant, il peut méditer sur cette vieille devise de la chevalerie : Noblesse oblige.
Parce que oui, mes amis, être un "gentilhomme" moderne, ça ne se résume pas à avoir des médailles. Ça demande surtout de l'honneur. Le vrai. Celui qu'on ne peut pas perdre dans un Journal Officiel publié à 2h du mat'.
P.S. : Au passage, entre Sarkozy et Pétain, on a eu environ un million de personnes décorées de la Légion d'honneur. Ça relativise, non ?